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Mortal combat

Rencontre avec Stéphane Vigne, 55 ans, technicien en laboratoire de recherche et de développement ARKEMA depuis 29 ans dont 20 ans de lutte syndicale au sein de la CGT.

Par Sébastien Mittelberger

« En temps de paix, on se bat pour les conditions de travail, pour le maintien de l’emploi et pour la prise en compte de l’environnement dans les conditions et les règles de travail, la gestion des conflits entre le personnel et la direction. Là, c’est un combat différent que nous devons mener. Un combat à mort pour sauvegarder les emplois de 154 collaborateurs menacés de licenciement ».

En effet, Arkema France, dont le siège social se trouve à Colombe (92) a présenté le 21 janvier 2025 un projet de réorganisation des activités de son site de Jarrie avec une volonté de recentrer ses activités eau oxygénée, chlorate et perchlorate dont la société est un des leaders mondiaux. Le site de Jarrie est durement impacté depuis octobre 2024 par l’arrêt brutal de son approvisionnement en sel par son fournisseur historique Vencorex, mis en redressement judiciaire par son actionnaire PTT GC.
Ce projet conduira à l’arrêt définitif des activités de production de chlore, de soude et de chlorure de méthyle avec à la clé la suppression de 154 postes.

Chez AKEMA 154 postes sur 337 sont donc menacés. Des personnes vivant sur le bassin de proximité du site, entre Jarrie et Pont de Claix pour la plupart, à Vizille ou le plateau Mathesin pour d’autres. Un plan social qui intervient alors que les résultats financiers d’ARKEMA sont satisfaisants avec pour l’exercice 2023 plus de 20 millions d’euros de résultat.

Pour l’heure, le plan social devrait avoir lieu sur l’année 2025 avec les premières lettres de licenciement dont on sait qu’elles seront adressées aux salariés dès le mois de mai.

Depuis le 8 décembre, les organisations syndicales ont installé un piquet de grève, notamment sur la partie sud du site. Mais pour preuve de bonne volonté, ces mêmes syndicats ont procédé cette semaine au déblocage des stocks d’eau oxygénée et de chlorate, permettant ainsi à l’entreprise d’écouler ses produits et à la partie du personnel dédiée au chargement de travailler.

DES ÉLUS MOBILISÉS

Le 4 février, Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix et président de Grenoble Alpes Métropole accompagné de Raphael Guerrero, maire de Jarrie se sont rendus à l’hôtel de Matignon afin de rencontrer le premier ministre, François Bayrou, faisant suite aux rencontres avec le ministre de l’Industrie et des hauts fonctionnaires de Bercy qui ont eu lieu ces dernières semaines avec un seul objectif le maintien des emplois et des entreprises.

LES QUERELLES SYNDICALES

Le 14 février, c’est l’intersyndicale d’Arkema qui s’est rendue au conseil métropolitain pour une prise de parole faisant l’unanimité des élus, loin de tous clivages lors d’échanges sur le devenir de la situation de l’industrie chimique à Jarrie comme à Pont-de-Claix.

L’engagement de la classe politique locale est de chaque instant, dans les ministères parisiens comme sur le site de Jarrie ou ils sont nombreux à accompagner la détresse de cette classe ouvrière en souffrance, légitimement inquiète pour leur avenir.

BONJOUR TRISTESSE

Car il s’agit bien de ça. Au-delà des tractations de tables, des réunions de négociations avec une direction générale sourde à la souffrance de ses salariés, Stéphane Vigne voit ses collègues pleurer. Se rendre sur ce site qui fût et devrait être un lieu de labeur et de joie, ou chacun a participé à la réussite de la société, humblement mais chaque jour avec la fierté de ceux qui participe à l’effort commun, celle de faire son travail, remplir son office avec justesse. Aujourd’hui, c’est l’injustice qui remplit son office, qui dévaste les volontés et ruine les carrières. Stéphane Vigne, avec les siens, collègues syndicalistes, ouvriers et ouvrières accompagne au mieux, se bat pour que le fleuron industriel d’hier ne devienne pas la friche de demain.

Merci à lui, merci à toutes et tous.

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