Comment l’aventure politique entre vous et Corenc a-t-elle commencé ?
J.D.M.B. « Alors que ma famille et moi-même étions installés à Corenc, je m’aperçois que des choses sont perfectibles et j’en fait part au maire de l’époque, Jean-Pierre Vicario. Mon positionnement n’était pas seulement critique mais plutôt de souhaiter apporter ma pierre à l’édifice. Monsieur Vicario a été séduit par cette démarche et m’a d’emblée proposé de le rejoindre sur la liste municipale, en 23° place. Non élu dans un premier temps puisque 22 élus furent dans un premier temps en capacité de siéger. Plus tard, au bénéfice d’une démission, j’ai pu intégrer l’équipe municipale, d’abord chargé des associations, puis du budget. Quelques mois avant la fin du mandat et fort d’une collaboration qui s’était avéré fructueuse et loyale, Jean-Pierre Vicario m’a proposé de prendre sa succession ».
C’est en cours de mandat, à la suite du départ de Jean-Pierre Vicario, que vous devenez maire de Corenc ?
J.D.M.B. « A ce moment, je suis seulement conseiller municipal, en charge de budget. Je deviens maire par le truchement d’un vote du conseil municipal, un vote interne donc et même si le conseil municipal m’a désigné à l’unanimité, je ne me sens pas encore totalement légitime, n’ayant pas été confronté au choix des Corençaises et des Corençais. Mais durant cette séquence, en 2013, quelques mois avant l’élection municipale, un éboulement majeur nous oblige à fermer la route du chemin de la Tour des Chiens. Un événement qui a mobilisé nombre de réunions publiques avec des habitants naturellement inquiets mais qui m’a permis de montrer aux Corençais que j’étais en mesure de gérer une situation d’urgence. En 2014, ma liste est passée au premier tour et m’offrait la véritable légitimité, celle des urnes.
Pour les élections municipales de 2020, je peux présenter un bilan aux habitants de Corenc. Avec des promesses tenues au travers de réalisations concrètes pour ce qui concerne le mandat 2014-2020 et un projet, ambition et pragmatique pour le mandat suivant. La campagne se passe bien en ce sens que je constate, lors de très nombreuses rencontres avec les Corençais, que notre équipe parvient à agréger des habitants qui viennent d’horizons politiques très différents, conscients que les enjeux de Corenc n’étaient pas politisés mais qu’ils relevaient du pragmatique, du réel. Car quand on a le privilège d’être élu maire d’une commune, cela oblige, bien au-delà des clivages et des sensibilités politiques. Car une fois maire, on a la responsabilité de l’ensemble des habitants et pas seulement de celles et ceux qui auraient voté pour nous ».
Après deux mandats, votre énergie est-elle toujours intacte ?
J.D.M.B « Ce qui évolue, au travers des mandats successifs, c’est la gestion des émotions. Lors du premier mandat, tout est sujet à la surinterprétation des émotions, dans les bons comme dans les mauvais moments. Les joies sont plus fortes, les moments plus durs peuvent être vécus plus brutalement. Sur le second, les émotions se pondèrent, dans les moments très agréables, l’euphorie est moins envahissante mais plus consolidée, quant aux moments de découragements qui peuvent eux aussi avoir leurs places, on apprend à les apprivoiser, les domestiquer.
Donc, à répondre, si les électrices et les électeurs de Corenc me font l’honneur de me faire confiance une troisième fois en 2026, je dirais que si la pondération doit être de chaque instant, ma passion demeure totalement intacte, tout autant que la sérénité a pu se construire, chemin faisant ».
Quels sont les temps forts de ce second mandat ?
J.D.M.B « Nous avons consacré beaucoup d’investissements à la rénovation des équipements existants notamment en baissant nos dépenses énergétiques. Des dépenses que nous avons été en mesure d’évaluer, en collaboration avec l’Agence Locale de l’Energie et du Climat (ALEC) afin de démontrer auprès des habitants que les dépenses effectuées ne relevaient pas seulement de la cosmétique mais également et surtout de l’efficacité, chiffres à l’appui. En cela, la gestion du denier public doit être une obsession de chaque jour tout en souhaitant rester en avance sur les évolutions des normes imposées par la loi. Ce qui passe par l’aplomb des comptes de la commune, par la mise aux normes de l’ensemble des équipements de Corenc mais également par la vitalité du tissu associatif de la commune. Dernièrement, lors du forum des associations, nous avons pu observer la très bonne forme de nos associations avec un nombre croissant d’adhésions.
Plus encore, j’ai souhaité que ce mandat soit également axé sur le patrimoine. Nos équipes ont doté Corenc d’un véritable parcours touristique. Nous avons installé des panneaux avec des QR codes sur chaque bâtiment, avec de l’audio, afin de cristalliser des informations sur toutes les rues de Corenc. Nous avons également ouvert le musée André MOCH, soldat juif assassiné à Corenc par des miliciens durant la seconde guerre mondiale. Un musée qui contribue à inscrire Corenc en tant que ville d’art et d’histoire ».
Quelle est la réalisation dont vous êtes particulièrement fier ?
J.D.M.B « A la fin de cette année, la commune pérennise deux commerces sur la place de Bois Fleury avec la superette qui est réactivée ainsi que le restaurant de la Croix de Montfleury et dans le centre du village, nous avons racheté les murs du café de la Place pour une réouverture à la fin de mois de décembre de cette année.
Donc la place André MOCH sera équipée d’un café, d’une supérette, d’un restaurant et d’une bibliothèque, ce qui est totalement conforme à notre volonté de dynamiser Corenc ».
Quelles relations entretenez-vous avec les agents de votre commune ?
J.D.M.B « L’avantage d’être maire une commune de taille humaine, c’est aussi de pouvoir connaitre chacune et chacun d’entre eux, soit une cinquantaine d’équivalents temps pleins pour Corenc. Les occasions de les remercier pour la qualité de leur travail, de leur engagement sont nombreuses. Lors de temps forts comme en septembre avec la soirée avec l’ensemble des agents ou encore lors des fêtes de fin d’année mais ces occasions sont toujours insuffisantes selon moi tant la relation que j’entretiens avec les agents est une satisfaction de chaque jour ».
Selon vous, la relation commune/métropole est-elle satisfaisante ?
J.D.M.B « En 2015, alors que je suis responsable de l’opposition, je ne suis pas pleinement satisfait de ce qu’est la Métropole. Je suis intimement convaincu que la Métropole doit être un projet collectif et non une structure d’exclusion. Le mode de scrutin devait faire en sorte que nous puissions tous être autour de la table. La gauche d’alors étant ultra dominante décidait d’exclure tous ceux qui ne faisaient pas partie de leurs familles politiques. En cela et alors que je ne briguais pas de poste en particulier au sein de la gouvernance métropolitaine, la tournure politique en place ne me convenait pas. Sur le mandat actuel et même si tout n’est pas parfait, je reconnais volontiers que nous n’avons pas été maltraités. Durant les phases de travaux notamment, la Métropole a été là. Elle contribue largement à nous accompagner sur des projets techniques avec la mise à disposition des bons interlocuteurs. Cela est également vrai pour la mise en œuvre du PLUI. Par nature et ce, quel que soit la gouvernance, la Métropole met de la distance entre l’administré et la réaction. Avec l’échelon métropolitain, la machine est forcément alourdie mais j’admets que si j’avais été président de la Métropole, je n’aurais pas fait mieux.
Pour tout ce qui relève du supra communal, je continue de penser que nous pourrions être plus nombreux autour de la table, je pense bien-sûr à tous les groupes qui ne sont pas dans la majorité. Notre Métropole doit être poly politique et doit montrer plus concrètement sa pluralité politique en faisant la démonstration de plus de démocratie et donc, en creux, de plus d’ouverture et en l’état actuel des choses, je pense qu’UMA (Une Métropole d’Avance) a été la source majeure de nombreux blocages ».
Est-il complexe de construire une équipe municipale ?
J.D.M.B « Pour bâtir une équipe municipale cohérente et efficace, il faut regrouper des femmes et des hommes en activité et d’autres plus en retrait professionnellement. Toutes et tous occupés par la passion commune de l’engagement, de l’intérêt général. Depuis mon arrivée comme maire de Corenc en 2013, et plus encore à partir de 2014, cet équilibre et cette volonté d’engagement fonctionnent. Chacun et chacune des membres de l’équipe municipale de Corenc le conserve à l’esprit et c’est un plaisir quotidien que de travailler aux côtés de personnes si engagées. Au reste, l’engagement est le maitre mot. On ne participe pas à une aventure municipale pour les indemnités, comme on peut le lire çà et là. A Corenc, ni moi ni aucun des membres de l’équipe ne perçoit l’indemnité maximale, loin de là. Nous demandons aux habitants de fournir des efforts, il est légitime de donner l’exemple. A ce sujet, il est important de signaler qu’à Corenc, les impôts n’ont pas augmenté depuis 8 ans ».
Selon vous, être maire aujourd’hui est-il plus difficile que par le passé ?
J.D.M.B « Même si Corenc est préservée par rapport à des communes qui peuvent rencontrer plus de difficultés, je constate, après en avoir parlé avec d’autres maires, que le ton avec lequel les populations s’adressent à nous, quand elles doivent formuler des mécontentements, s’est considérablement durcit.
Un changement qui prend sa source depuis la crise sanitaire. Durant cette séquence, les citoyens avaient, par le caractère exceptionnel et inédit du contexte, plus de demandes vis-à-vis de leurs élus et tenant compte des problèmes que l’ensemble des populations rencontraient, cela a eu une incidence majeure sur la tonalité des échanges entres élus et administrés. Cette séquence a probablement contribué à désacraliser les fonctions électives ».


Quel conseil donneriez-vous à un candidat novice ?
J.D.M.B « Conserver non pas de la distance mais de la hauteur face aux événements auxquels il ou elle sera confronté. Un compliment, la fierté d’une action réalisée ne doit pas lui donner une satisfaction démesurée. De la même manière, une mauvaise nouvelle ou une contrariété, quelle qu’elle soit, ne doit pas le plonger dans le désarroi. Être maire c’est savoir faire preuve de maitrise et de pondération, en toutes circonstances. Car dans toutes les situations, c’est la fonction qui est attaquée ou valorisée, pas la personne. Plus encore, au-delà de la fonction de maire, c’est une équipe qui est en responsabilité et tout doit être placé dans cet esprit collectif. Il est selon moi impératif d’être très attentif à son équipe municipale, car c’est encore une fois une aventure collective qui doit fonctionner dans son ensemble ».
Dans une existence, si on a l’occasion d’être utile pour ses proches, pour sa famille, servir l’intérêt général, pouvoir être utile aux autres est une fierté, un privilège de chaque jour ».
Jean-Damien Mermillod-Blondin


Quelles sont les émotions que vous procure votre mandat de maire ?
J.D.M.B « Tout ce qui me permet de rencontrer les habitants de ma commune. Que cela soit lors des vœux, lors des mariages, lors des temps forts de la Corenc ou encore lors des réunions publiques ou pendant le forum des associations. Lors du repas des anciens, qui a lieu chaque année, je me tiens à la porte, en costume et portant l’écharpe tricolore et je suis toujours très ému d’observer à quel point les habitants et les habitantes sont touchés par ce rapport si proche, presqu’intime entre un maire et ses administrés.
De la même manière, chaque année, je procède à la remise des dictionnaires pour les jeunes, une tradition Corençaise, installée ici depuis plus de 50 ans. Là aussi, je porte l’écharpe de maire, ce qui ajoute une empreinte républicaine à un moment déjà solennel.
Être maire, c’est aussi cela. Ne jamais rien sous-estimer.
Jean-Damien Mermillod-Blondin
De manière plus générale, c’est un plaisir inestimable que de pouvoir s’occuper d’une communauté, de mettre à profit les moyens qui nous sont confiés pour améliorer la vie des gens au travers de réalisations qui deviennent concrètes et dont la population peut s’emparer. Dans une existence, si on a l’occasion d’être utile pour ses proches, pour sa famille, servir l’intérêt général, pouvoir être utile aux autres est une fierté, un privilège de chaque jour ».
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