Une semaine après la victoire de Marine Tondelier à sa propre réélection avec un score de Corée du Nord (+ de 75%) et alors que le match opposant le maire de Grenoble à son challenger et alors que l’ambiance entre Marine Tondelier et Eric Piolle est pour le moins modérément festive, Eric Piolle, contre toute attente, sort vainqueur d’un match qui semblait pourtant mal engagé.
PARIS-GRENOBLE-PARIS.
En essayant de flinguer sa candidature au poste de porte-parole des verts, des cadres comme David Cormand s’exonèrent du passé en refoulant l’histoire. Car Eric Piolle a clairement changé le parcours électoral des Verts en 2014 et en 2020 en étant élu à deux reprises à la tête de la mairie de Grenoble.
La première victoire de 2014 a procédé au changement de l’imaginaire de l’écologie en la faisant entrer par la grande porte dans les responsabilités collectives et locales.
Plus loin, lors des municipales 2020, nombreuses furent les villes et les candidats qui se sont inspirés de Grenoble et en creux de la méthode Piolle.
Même en 2025, alors que l’avenir politique des maires écologistes se lit plus dans la force des marées ou dans les cartes des médiums que dans les chiffres des enquêtes d’opinion, ces cadres EELV frappés d’amnésie oublient pour la plus grande partie ce qu’ils doivent à l’impulsion générée par Eric Piolle.
Plus loin encore, en 2021, il se dit dans des coursives proches d’EELV qui si le vote n’avait été composé que du corps électoral EELV, Eric Piolle aurait sans doute gagné la primaire en vue de la présidentielle 2022.
Force est de constater que quand la parole est donnée exclusivement aux militants EELV, Eric Piolle revient sur le devant de la scène nationale, même pour une fonction qui ne lui va pas comme un gant, mécaniquement, puisqu’il s’agit d’être le porte-parole de Marine Tondelier, cheffe de parti archi charismatique mais dont la ligne politique n’est pas forcément et encore moins systématiquement la ligne du parti des Verts.
« Ce que nous sommes véritablement, c’est anti fasciste » déclarait-elle à la presse hier encore. Pas sûr que ce combat, largement mené par LFI, soit la « cup of tea » de la majeure partie des verts.
Restes que Marine Tondelier et Eric Piolle ont des choses à se reprocher. C’est entre eux la valse des humiliations. Piolle n’est pas forcément en reste et il se dit qu’il s’était plaint de sa directrice de campagne (Marine Tondelier) lors de la dernière primaire, indiquant qu’elle lui avait fait faire la campagne « les mains dans le dos ».
Marine Tondelier, de son côté ne s’est pas cachée ces dernières semaines de son acrimonie et savonnant la planche du maire de Grenoble, pensant peut-être qu’il se lasserait et lâcherait l’affaire, ce qui est mal connaitre le bonhomme.
Au surplus, Tondelier verrouille le parti autant qu’elle le peut, tentant de rendre imperceptibles tout ceux qu’elle peut faire disparaitre, même momentanément. Pour exemple, les parlementaires locaux tels que Chatelain ou Gontard sont complètement invisibilisés.
Alors ne nous y trompons pas, ces deux-là, même si l’heure est aux accolades et à l’enterrement du Tomahawk, finiront sous peu par s’affronter à nouveau puisque même si Marine Tondelier a été réélue très confortablement, la victoire d’Éric Piolle en dit long sur les tendances et les disparités d’EELV, sans parler de fractures programmatiques ou idéologiques.
Avec ce braquage et n’en déplaise aux esprits chagrins, Eric Piolle démontre qu’il fait toujours partie du jeu, finalement bien placé sur l’échiquier national.
JAMAIS MORT
Cette victoire aura également un effet de ruissellement positif pour le maire de Grenoble… à Grenoble. Dans le train qui le ramène de Paris à Grenoble, nul doute que son humeur doit être différente que si ce scrutin interne lui avait été défavorable.
Nul doute également que son poids est et sera plus lourd sur la stratégie de campagne des listes sortantes, discrètes à ce jour et sommeillant à dessein boulevard Jean Pain.
A conclure, celles et ceux qui le voyaient enterré sous le poids d’un bilan contestable ou encore sous le joug de volet judiciaire, devront sans doute attendre et apprendre, comme les Italiens lors de l’Euro 2000 de football, à reboucher les bouteilles de champagne.
Soutenez la liberté d’informer !
Vous aimez Le FiL ? Alors soutenez-nous en faisant un don.
