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STATU QUO’VOT

Alors que la question du devenir du jumelage entre Grenoble et Rehovot clôturait le conseil municipal du 23 juin, rien ne sortait vraiment de cette séquence, où un jumelage vide et débranché ne sera finalement pas rompu.

Par Sébastien Mittelberger

Ce lundi 23 juin 2025, Il faut attendre la toute fin du conseil municipal de la ville de Grenoble et la séance des questions orales pour écouter l’intervention de Laura Pfister (LFI), co-présidente du groupe de la majorité au sujet désormais brulant du jumelage entre Grenoble et Rehovot, commune israélienne. Une intervention sous forme de question, directement posée à Éric Piolle et uniquement à ce dernier.

Car, comme le prévoit le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT), une question orale, qui plus est posée au maire, ne donne pas lieu à d’autres interventions parmi les autres membres du conseil. 

Mais alors qu’au début du mois de juin, les élus LFI de la majorité municipale sommaient Éric Piolle de « rompre » ce jumelage, jugé selon eux contre nature eu égard aux conflits qui troublent cette partie du proche et du moyen orient, la version finale était bien plus édulcorée. Si Laura Pfister terminait son intervention en soulignant l’indéfectible soutien au peuple palestinien, plus question dans son propos d’une rupture du jumelage, au moins pour le moment. 

Le motif de ce retour à moins de véhémence et à plus de calme se loge peut-être là encore dans le cadre administratif plus que dans la volonté politique de moins tordre le bras de l’édile grenoblois. Car pour rompre un jumelage comme pour en mettre un en œuvre, il faut passer par la mise en place d’une délibération et donc par un vote de l’ensemble des élus siégeant au conseil municipal, comme le prévoit encore le CGCT.

CUIRASSÉ POTEMKINE

C’est donc dans un silence presque religieux qu’Éric Piolle prend la parole pour exprimer son soutien au peuple palestinien mais également pour fustiger l’antisémitisme, sous toutes ses formes, qu’il regrette de voir se propager de façon universelle et de terminer par l’état des lieux de ce que contient réellement ce jumelage. 

Car si le jumelage avec Bethleem est vivant et actif, ne souffrant, lui, d’aucune réserve, ni de la moindre réticence quant aux actions menées et à y mener, le jumelage qui lie Rehovot à Grenoble est depuis bien longtemps plongé dans un coma artificiel, « suspendu sine die » comme la ville de Grenoble aime à le dire.

Éric, Piolle, en octobre 2023 avait bien soutenu la création d’un comité de jumelage citoyen composé de Grenoblois et de Grenobloises, présidé par un incontournable homme de médias, connu de tous. Mais déjà ce comité, dans sa forme typée société civile, pouvait apparaitre comme un pas de côté au déterminisme municipal à être un acteur majeur de ce jumelage. Ce qui peut vouloir dire aussi qu’au-delà d’une façade de Cuirassé Potemkine, ce jumelage n’a jamais été véritablement activé. 

Plus encore et comme le rappelait le maire de Grenoble lors de son intervention, ce même comité, après s’être réunit, a pris la décision courageuse de considérer « qu’il n’était ni possible, ni souhaitable de se constituer ni de démarrer des travaux tant qu’il n’y aurait ni cessez-le feu, ni libération de la totalité des otages ».

De là à constater que ce comité, au-delà de l’initiative de sa création en octobre 2023, ne relève d’aucune réalité concrète, il n’y a qu’un pas. 

Toutefois et comme lot de consolation, Éric Piolle a tenu à rassurer :

« Organiser une conférence publique sur l’antisémitisme à l’hôtel de Ville, car depuis le 7 octobre 2023 et les attentats perpétrés par le Hamas, au cours desquels des centaines de civils israéliens ont été capturés où massacrés, nous assistons en France à une recrudescence alarmante de l’antisémitisme ».

Une conférence face à des évènements plus ambitieux quand il s’agit du camp adverse :

« Alors, que pouvons-nous faire ? Promouvoir la culture et l’histoire palestinienne, notamment à travers le Mois de la Palestine encours à la Maison de l’international »

Dans cette séquence, éminemment politique, sise à moins d’un an des élections municipales, les élus Insoumis ne s’embarrassent peu de la coloration politique des gouvernants des nations de villes avec lesquelles Grenoble est pourtant jumelée.

Que dire alors du jumelage de Grenoble avec Phœnix, ville américaine d’une nation administrée par Donald Trump ?
Que dire alors du jumelage de Grenoble avec Catane et Corato, villes italiennes d’un pays administré par l’ultra conservatrice Gorgia Meloni ?
Que dire alors du jumelage de Grenoble avec Suzhou, ville Chinoise sous administration de Xi Jinpin, président répressif et persécuteur qui oppresse une partie de son peuple presque publiquement ?


RIEN ! MANIFESTEMENT

Puisqu’aucun de ces jumelages ne sont remis en cause par ces mêmes élus Insoumis de la municipalité de Grenoble. 

Rien, donc ne peut motiver une volonté de suspension ou de rupture d’un jumelage entre Grenoble et une autre cité du monde sauf au motif clientéliste et partisan que Rehovot est une ville israélienne, de culture juive en conflit avec un monde musulman. 

Rien à dire enfin puisque l’institut Weizmann peut crouler sous les bombes. Quelques élus véhéments et radicaux bénéficient de la prudence de comités dont la seule décision est qu’il est urgent d’attendre et de la frilosité d’instances dans une période pourtant caniculaire à bien des endroits.  

Nombreux sont ceux qui aiment à rappeler que Grenoble est une ville de résistance. Dans son histoire, elle a eu maintes fois l’occasion de le prouver. 

Aujourd’hui encore, puisque par ses choix partisans, la ville de Grenoble montre à la face du monde qu’elle est capable de résister, même au courage. 

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