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LE DESSUS DES CARTES

Le conflit qui oppose depuis quelques jours Israël et l’Iran résulte d’un billard à plusieurs bandes dont le tapis est composé de nations du proche et du moyen orient.  Et peut être de bien plus encore.

Par Sébastien Mittelberger

Del Iran ?

Chercher la source exacte de cette guerre relève d’une connaissance approfondie de cette partie du monde pour son volet historique et sans doute bien au-delà pour sa partie la plus cynique. 

Au départ, l’agression du Hamas sur Israël, lors des attentats sanglants du 7 octobre 2023, perpétrés dans le double dessein d’avancer sur le sujet de la création d’un état palestinien en tordant le bras d’Israël par la force et ceux des instances internationales par la peur, donc par la diplomatie et en creux d’espérer l’éradication de cet État d’Israël, jugé contre nature dans cette partie du monde. 

Dans cette joute opposant un Israël seulement peuplé de 10 millions d’habitants à un proto-État, la Palestine, d’une superficie de 6000 km2 à peine, sans plus de constitution que de souveraineté territoriale et dépourvu de monnaie, les enjeux dépassent certainement la revendication de Jérusalem-Est.

Durant ce premier conflit, impliquant seulement un État et un proto-État, ou chacun légifère sur le statut juridique du Hamas, à savoir s’il représente seulement un bras armé ou une réalité politique dans cette minuscule partie du monde, les instances occidentales chipotent, reconnaissant à Israël le droit de se défendre, condamnant mollement le Hamas, exigeant la libération des otages israéliens, implorant les deux belligérants à plus de mesures, arguant l’impérieuse nécessité de cesser le feu, espérant une paix illusoire qu’aucune des deux parties ne souhaite. Une partition ou la communauté internationale juge qu’il est urgent d’attendre et qu’il n’est pas inutile de jouer la montre. 

Mais très vite, le Hezbollah libanais sort du bois et pointe son nez. 

Le Hezbollah est une organisation terroriste chiite libanaise, fondée en 1982 sur le terreau de l’intervention Israélienne, durant la guerre du Liban et forte de vieilles rancunes légitimées par l’occupation israélienne des territoires du Sud-Liban. Tantôt en sommeil ou très actif, perpétuant attentats et prises d’otages contre les USA, la France, les Émirats ou encore la Russie et bien-sur Israël, l’ennemi naturel et participe activement au développement des franchises islamiques liées au Jihad (guerre sainte). 

Le Hezbollah, qui aime cette implantation libanaise pour sa culture multiconfessionnelle, s’arme et se finance auprès des Gardiens de la révolution islamique, organisation tentaculaire iranienne pilotée par les guides suprêmes eux-mêmes. 

Quand le Hamas attaque Israël aux premières heures du 7 octobre, il est probable que ses cadres imaginent déjà la réaction en chaine que cette agression ne manquera pas de produire. Ils savent le Tsahal belliqueux et Netanyahou prompt à faire durer une guerre qui arrange son agenda tant politique que judiciaire. Ils savent que la riposte sera lourde et sans doute peu embarrassée de discernement. Ils savent également qu’ils feront pleurer les brindilles occidentales, planquées dans les certitudes confortables de leurs émotions de salons, sur leurs profils Facebook ou lors de marches partisanes sur les places et les avenues de nos villes en paix. 

Le Hamas imagine alors que les mondes se mobiliseront à ses côtés. Le monde occidental, par peur de la guerre, le monde arabe, mu par la haine viscérale d’Israël.

Israël Hobby War

L’État israélien a la culture de la guerre et le gout du conflit. Depuis 1948, la guerre fait partie de son histoire, pour ne pas dire de son quotidien. Tantôt en situation de défendre ce sol, chèrement acquit, parfois agresseur ou témoin complice d’agression comme durant la séquence libanaise de 1982. 

En avril 2024, ils bombardent une annexe du consulat d’Iran à Damas, en Syrie, tuant quelques dignitaires iraniens. En octobre de la même année, ils assassinent Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, ce qui engendre une riposte de 200 missiles, tirés depuis l’Iran à destination d’Israël. 

Progressivement, la cartographie d’une guerre plus importante se met en place pour aboutir à celle que nous observons actuellement. 

Le monde arabe n’existe pas. 

Mais il suffit d’observer une carte de cette partie du monde pour en déceler les faiblesses. 

Car le monde arabe, dans sa version fraternelle et indivisible n’est qu’une chimère instillée par nos chaines d’infos occidentales.

Le monde arabe est fracturé entre les dollars de feu l’OPEP et une charia d’un autre âge, chemin qui est sensé conduire à Dieu les peuples de pays moyenâgeux. Un monde éreinté par les guerres, la folie mystique et l’obsession prosélyte.

Ceux-là même qui pensent menacer le monde, notre monde, alors que leur propre destin est en eux, funeste, niché comme métastase, dans les recoins les plus profonds de leurs tripes. 

Pour exemple et peut-être pour preuve, l’insolence paisible de Dubaï, pays artificiel plus proche d’un parc d’attractions que d’une nation, vomissant son luxe au plus proche des pages du Coran et où le muezzin appellera plus l’ouverture des casinos que celle de la prière. 

Proche Orient 

Composé d’une Syrie exsangue et dont la chute récente de Bachar Al Assad suffit hélas à contenter notre apaisement, d’un Liban volcanique et pluriel, ou chiites, sunnites, druzes, chrétiens et juifs feignent de se côtoyer, un Liban prêt à toutes les guerres pour assouvir tant ses vengeances que par son désir de remplir les caisses d’un pays en faillite perpétuelle, d’un Israël, culturellement schizophrène, coincée dans son multiculturalisme originel et le traumatisme de la Shoah. 

Plus haut, cette Turquie, poudrière dont il est nécessaire de se méfier, coute que coute, et plus bas l’Égypte, dont l’apparente stabilité doit nous forcer à la prudence. 

Moyen Orient 

Immense et partagé socialement entre les nations propriétaires de pétrole et les autres, réduites aux conflits religieux et à la prégnance du salafisme. 

Au plus près du proche orient, la Jordanie qui, bien qu’impliquée historiquement dans le devenir de la Palestine, s’est peu souciée de l’accueil des réfugiés palestiniens, pourtant frontaliers. 

Chacun de ces pays déteste son voisin, laissant l’histoire l’indiquer.  Iran/Irak, Irak/Koweït, Afghanistan. Puis plus loin, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes unis, le Qatar, plus concernés par le cours du pétrodollar que par les influences partisanes. 

Persépolis.

Mais l’Iran n’est ni l’Irak, ni l’Afghanistan. Au reste, l’Iran n’est pas à proprement parlé un pays arabe, où pas seulement. Sa culture persane ancestrale en fait un des berceaux de la civilisation et son peuple, autrefois éclairé, jusqu’à la chute du Shah en 1979 et du retour à l’obscurantisme le plus radical, est de plus en plus divisé et sa jeunesse n’attend peut-être qu’un signe du destin pour rompre avec la dictature des Mollah et revenir aux premières pages de l’ouvrage de Marjane Satrapi.

L’Iran est peut-être le seul peuple de cette partie du monde à pouvoir basculer dans une pratique d’un l’islam 2.0 et incarner demain ce que l’Iran incarnait hier jusqu’à être le porte étendard d’un islam modéré et progressiste que nous appelons tous de nos vœux. 

Lords of war

Élargir la focale au-dessus de la carte du monde, permet d’ouvrir nos sens à ce que vont nous dire les choses. 

La caisse de résonnance de ce conflit n’atteindra guère l’oreille externe des grandes puissances de ce monde. 

L’Europe condamne et condamne encore mais il sera bien temps à la fin de compter les morts et de coller quelques tortionnaires dans les geôles de La Haye.

L’Europe toujours, est occupée ailleurs, l’Ukraine et son devenir fragmentable lui prenant tout son temps et une partie de ses finances. Agiter une stratégie de défense européenne devant peupler les travaux de nuit de sa présidente. Alors, les gesticulation orientales, proches ou moyennes, ne sont pas à l’agenda européen dès lors que l’Ukraine partage ses frontières avec 4 pays de l’UE.

L’Amérique de Donald Trump, quant à elle, a choisi la voie du business. Pas celle du pétrole des Émirats, puisque le sol américain en regorge, mais du commerce des matières premières, dont la terre ukrainienne dégouline. La boussole du président des USA est ici et la paix ukrainienne se fera au prix du rachat en pièces détachées, au moins pour sa partie occidentale, de la boutique de Zelensky, laissant à Vladimir Poutine et sa froide Russie la partie russophile, à l’est du fleuve Dniepr.

La Russie de Vladimir Poutine ne doit pas être humiliée dans cette affaire, Trump en est conscient. Car le monarque Russe est paradoxalement garant de la paix dans une partie du monde. Celle peuplée des pays nés du démantèlement de l’URSS, mini-nations, proto-états, gouvernés par des cinglés qui se verront en crue, dès le moment venu. 

Mais la Russie est faible militairement et exsangue économiquement, renouant avec la tradition du cuirasser Potemkine, enlisé dans le conflit Ukrainien, son Viêt-Nam, dont elle ne sait sortir. 

Pour Poutine comme pour Trump, l’heure n’est donc pas de se soucier d’un conflit entre des peuples qui finalement ne sont jamais en paix. A l’instar de l’UE, il sera toujours temps de faire comptabilité une fois le ménage réalisé par d’autres, dans un proche orient désormais si lointain. 

Volodymyr Zelinsky, qui décidément reste un humoriste, s’est ému publiquement d’une éventuelle baisse des aides fournies à son pays par la communauté internationale, depuis le début des hostilités irano-israéliennes. Il ne faudrait pas tout de même qu’une nouvelle guerre vienne gêner la sienne, en pleine période de négociation avec les grandes puissances. 

Juste la guerre

Quand elles peuvent redessiner des frontières, modifier les équilibres, fracturer les hégémonies identitaires et religieuses, les guerres sont utiles et il faut parfois les préférer à ces paix de façades qui participent tant aux déséquilibres des mondes. 

Si ces guerres doivent être menées par des nations pour des raisons plus commerciales qu’idéologiques, plus populistes que populaires, qu’il en soit ainsi. 

Car Il n’y aurait pas de honte bue à ce que Donald Trump décroche le prix Nobel de la Paix si cette paix était obtenue en Ukraine et ce, quel qu’en soit le commerce.

De la même manière, Il n’y aurait pas à rougir d’avoir à féliciter Israël pour sa décision de frapper des « états » qui, au-delà d’oppresser leurs peuples des pires des façons, soumettent quiconque ne se range pas à leur dogme primitif et sanguinaire. Le monde est ainsi fait que seuls ses gendarmes peuvent contrarier les desseins de ses voyous. 

La France a peur.

Toujours et de tout. Préférant paraphraser Roger Gicquel que Voltaire ou Rousseau, son peuple s’émeut du moindre missile troublant son diner au son des chaines d’informations, arbore volontiers drapeaux ukrainien ou palestinien en home page de son profil Facebook, fustige l’inaction de ses gouvernants mais vilipende toute action quand le premier d’entre eux imagine telle ou telle implication française dans un pays en guerre. 

Le peuple de France est en paix et c’est chose plus agréable que de préférer suivre le rapatriement de Greta Thunberg et de Rima Hassan, au sortir de leur escapade maritime gazaoui que de se questionner sur le destin du monde, quand bien même que ce monde soit le nôtre. 

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