Il est bien délicat de commenter cette soirée du 27 novembre à posteriori de l’excellent article produit par Ève Moulinier, journaliste du service politique du Dauphiné Libéré tant tout y a été si bien relaté. La personnalité du candidat, la ligne politique comme la dimension programmatique. Mais ça n’est pas « parce que l’on n’est pas Mozart qu’il faut s’interdire le piano » comme disait Marc Lévy qui n’est pas Primo, ni même Bernard Henri, mais tout de même, l’exercice reste à tenter.
PARCE QUE
Parce que la politique est immense d’elle-même et majuscule pour tous. Parce que la partition qui se joue ici est capitale pour traverser les transitions. Parce que nos frontières ne sont plus celles du globe ou de l’Europe mais celles de notre quartier de nos commerces, de nos rues et de nos industries. Parce que ceux qui bâtissent des belles ambitions doivent soustraire les maquettes et additionner les protections. Parce que l’usage de la protection des individus doit dépasser les volontés des attractivités. Parce que le son des radicalités ne fait écho qu’au bruit d’autres radicalités. Parce que Chicago est bien loin et Grenoble si proche.
Parce que le destin de Grenoble ne se joue pas dans entre les pages de Médiapart ou celles de Valeurs Actuelles, des personnalités politiques l’ont compris et admis en plaçant la trajectoire de leurs campagnes sur l’axe vertueux de la modération de forme et en refusant l’hystérisation du fond. Hervé Gerbi est fait de ce bois-là. Notons-le et quelle que soit l’issue des élections municipales, souvenons-nous en.
27/11
Le 27 novembre, Hervé Gerbi donnait sa première grande réunion publique à l’auditorium de la Maison de la montagne. 250 personnes s’étaient déplacées, beaucoup assis, certains debout pour écouter les axes programmatiques et l’intrusion d’une méthode apaisée et respectueuse du candidat Horizons, capitaine de ce bateau qui croise sous pavillon du Contrat de Rassemblement. Un contrat de Rassemblement qui pouvait résonner comme une prophétie, un vœu pieu, il y a quelques mois encore mais qui, alors que l’échéance approche, sonne comme la nécessité de ne pas laisser le panorama politique dans une bipolarité gauche droite, binaire, facile et désenrichie de la sophistication que mérite le débat politique Grenoblois. Après que des membres de son équipe aient pris la parole, après que Guillaume Sagnes, délégué départemental Horizons 38 soit venu au pupitre rappeler: « Hervé Gerbi rassemble, parle à tout le monde, il construit le bloc central réel, on a l’homme qu’il nous faut, on ira jusqu’au bout » et d’appeler: « tous ceux qui sont contre la division à venir nous rejoindre », Hervé Gerbi apparaissait sous la forme sérieuse et valorisante pour le public d’un homme déterminé, poussé par le souffle, nourrit par la force. Deux vocables qui constituent l’énergie de son action politique.
LÉGO
Une incarnation politique demande quelque chose de naturel, d’intime et d’irrationnel à laquelle s’ajoute une préparation méticuleuse, celle du tribun, celle d’un sportif de haut niveau, celle de l’amoureux. C’est ce qu’Hervé Gerbi est parvenu à faire lors de ce premier « date » avec les Grenoblois en soulignant d’emblée « Ce soir, je viens devant vous comme quand j’avance devant une cour, un jury populaire. Avec un dossier qui nous dépasse chacun individuellement. Ce dossier s’appelle Nous Grenoble ». Car toute l’action d’une candidature peut se résumer dans cette formule, puisque rien n’est plus semblable à un jury populaire que de se présenter devant les urnes, devant les électeurs, devant tous ces gens qu’il faut convaincre. Et il est adapté qu’un avocat, rompu aux prétoires, aux tribunaux, aux souffrances des victimes, ou se dessinent et se décident parfois les enjeux de toute une vie à venir, se présente devant un public en ayant minutieusement préparé sa plaidoirie. SA plaidoirie pour Grenoble.
Pour y parvenir, rien ne doit être laissé aux incertitudes comme au hasard. Deux mots dont Hervé Gerbi n’abuse guère. Alors oui, son arrivée dans la salle était jouée avec professionnalisme, comme on prépare un lever de rideau, un soir de générale. Alors que scène et pupitre l’attendaient, Hervé Gerbi préféra la déambulation entre les travées, au plus proche du public, chacun pouvant se sentir en proximité avec le candidat, chacun bénéficiaire de ce Contrat, de ce Rassemblement. Pas de veste de costume, nous étions au soir, aux heures ou elle se pose sur le dossier de la chaise, portant cravate mais avec le premier bouton de la chemise ouvert, marquant ainsi à la fois l’aisance et la confiance qu’il peut avoir dans le jugement de ceux qui sont venus l’écouter, Hervé Gerbi lisait son discours avec le rythme lent de celui qui sait que, comme chaque jour, tout se joue à cet instant. Un discours prononcé non pas comme si c’était le premier mais au contraire si ce soir de meeting était le dernier de la campagne.
La voix était posée, la voie tracée. La trajectoire du propos préférait l’espoir et l’optimisme. Les adversaires peu cités, peu écorchés, il n’était pas là question de bousculer jusqu’à les faire déborder les couloirs de nage des autres candidats en lice. Du point de vue d’Hervé Gerbi, Laurence Ruffin tout autant qu’Alain Carignon sont légitimes à se présenter à la plus populaire des compétitions, de même pour Allan Brunon, Romain Gentil, Pierre Edouard Cardinal, Émilie Chalas, Valentin Gabriac. Au contraire, selon lui, cette pluralité apporte encore, en ce début décembre, quelque chose au débat public, pour le moment en tous cas, avant que cette même diversité entraine moins de lisibilité et plus de confusion. Quant à ceux qui fustigent les égos, ils sont souvent ceux à qui cet égo a cruellement manqué pour mener à bien ce qu’ils ne sont pas parvenus à mener au terme.
Souffle, force et inspiration.
Souvent une candidature repose sur trois pieds que composent l’incarnation, le récit et l’inspiration. Si Hervé Gerbi a su construire son incarnation personnelle au fil des jours et ce malgré les nombreux pièges qui ont pu lui être tendus, s’il a su construire son récit pour Grenoble autour de son Contrat de Rassemblement politique, sur la modernité toute contemporaine de son programme, notamment avec l’inclusion de l’IA dans la méthode et son refus d’hystériser des sujets comme celui de la sécurité et de ses satellites, la tête de liste de Nous Grenoble a également su s’inspirer de figures politiques marquantes qui viennent étayer l’épaisseur de son ADN politique. Michel Rocard pour la rigueur de sa proposition politique et la vision progressiste, comme un pas de côté à la sociale démocratie, Édouard Philippe pour son gaullisme réformé et surtout Paul Mistral, ancien maire de Grenoble (1919-1931), homme politique urbaniste et bâtisseur de Grenoble mais aussi porteur d’une sociale démocratie moderne et optimiste, alors que la France pansait les plaies de la première guerre mondiale.
L’homme qui marche.
Par le pas qu’il règle au pas de ceux, qui, de plus en plus nombreux, l’interpellent et le saluent dans les rues de Grenoble, par le geste de la main qu’il tend encore à ceux qui veulent ou voudront rejoindre son Contrat de Rassemblement et enfin par le mot qu’il souhaite apaisant et fédérateur, Hervé Gerbi démontre que son opposition farouche aux radicalités n’est pas courber l’échine, que parler doucement de ce qui nous préoccupe avec fièvre n’est pas proférer un discours de muet destiné à des sourds.
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