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Allan BRUNON: TOTAL RADICAL

De son propre aveu, Allan BRUNON aime bousculer et chahuter le panorama politique. Le co chef de file et probablement tête de liste LFI pour les municipales 2026 à Grenoble s’est prêté au jeu d’un entretien ou il dévoile sa trajectoire tout autant que son ambition et permet à tous, de ceux qui le rejoignent comme à ceux qui le combattent, d’un peu mieux le connaitre.

Par Sébastien Mittelberger

PLACE DES GEANTS 

Bien loin de l’image de « parachuté » dont, par méconnaissance, nous faisions état, Allan Brunon est né ici, à Grenoble, un jour de juin 1999.Il est un enfant de la Villeneuve, de ces quartiers que chacun aime à faire sien, parfois en y vivant, tantôt sans jamais y avoir mis les pieds.  Son enfance, c’était celle de la place des Géants, celle de la solidarité entres habitants, celle d’un monde ouvrier qui côtoyait ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir un emploi, celle ou les origines ne s’érigeaient pas encore ou presque en communautés distinctes et divisées. Une enfance à deux pas d’ici, à portée de Tram, de bus, une enfance à portée des autres. 

La mère d’Allan Brunon est tout d’abord femme de ménage avant de devenir assistante maternelle. Son père, lui, est ouvrier qualifié, d’abord dans l’entreprise Pacifique, dédiée à la production de chauffe-eaux puis dans le secteur automobile, conducteur de ligne dans une usine qui conçoit des démarreurs dans le secteur automobile. Un père qui ne cesse jamais d’être un modèle pour son fils, marqué par les luttes, la défense des ouvriers face à l’oppression, au travers d’un engagement syndical de chaque jour. Un père dont la carrière a été frappé par plusieurs licenciements économiques, tous provoqués par la soif de compétitivité, par les règles des marchés. Allan Brunon grandira aux côtés des luttes, des colères, dans la méfiance du patronat du récit quotidien des siens, peuplé des cadences qui impactaient les corps. Ceux des ouvriers et des ouvrières. En contact permanent avec ce rapport aux adversités, celle d’un monde ouvrier qui fait face aux outrances du capitalisme et de ses travers. Chez les Brunon, la lutte est une affaire dont l’écho résonne au-delà des luttes sociales.Un grand-père combattant de la libération algérienne, l’autre résistant communiste durant la seconde guerre mondiale, cela forme des enfances, des jeunesses et finalement des hommes. Enfin, cette enfance sera marquée par l’imaginaire et la réalité des machines, le bruit des rotations, l’odeur des graisses, la gestuelle de leurs mouvements, la précision de leurs mécaniques. 

UPPERCUT

Très jeune, Allan apprend que la dignité humaine passe par la défense de soi. Il sait que pour y parvenir, il faut apprendre à se battre au sens propre comme au figuré, pour ne jamais avoir à baisser la tête. Pour lui cela passera par le judo un peu puis par la boxe beaucoup. C’est la pratique de cette discipline qui devra l’éloigner un peu de Grenoble ; Les centres sportifs en capacité de l’accueillir sont en Nord-Isère. L’Isle d’Abeau, Villefontaine, puis plus tard, Lyon. Pendant des années, Allan Brunon donnera énormément à ce sport, entier, exigeant, au point de briguer une carrière professionnelle, jusqu’en Bulgarie, entrainé par une référence du milieu, Guillaume Peltier. Hélas, une mauvaise blessure à la main devra contrarier son ascension sportive au plus haut niveau. 

UN AUTRE RING

En parallèle, sa fibre combattante prendra une autre voie. Celle du gout pour l’intérêt général au travers de l’action publique.  Dès 11 ans, Allan Brunon intègre le conseil municipal des enfants à Villefontaine. Grace à l’impulsion de Raymond Feyssaguet, maire emblématique de la commune, il visitera le Sénat.  À 15 ans, il adhère au Parti de Gauche (PG, fondé par Marc Dolez et Jean-Luc Mélenchon en février 2009). À 16 ans, il en devient conseiller national. Le parti de Gauche est alors issu du M6R, mouvement principalement dédié à la volonté d’en finir avec la cinquième république, qu’ils jugent obsolète et génératrice d’obstacles à la transition démocratique. Plus encore, ils estiment que cette constitution affaiblie et musèle considérablement le travail parlementaire par des mécanismes comme le 49°3.  Déjà la figure tutélaire de Jean-Luc Mélenchon, déjà cette volonté de réformes profondes. Déjà cette esquisse d’une ambition, celle de changer la colonne vertébrale de la société par la voie de la radicalité. Déjà l’action politique sous la forme la plus absolue.  Allan Brunon se sent à l’aise dans cette vision du combat politique. Elle incarne à ses yeux tout ce qui le constitue, en dépit de son âge. La force de la lutte, la volonté d’un monde plus juste, le combat contre ce qui est établit quand ce qui l’est broie des corps, des carrières, des existences.  Cet élan, déjà central, ne l’éloignera pas du monde ouvrier. Pendant toutes ces années ou l’adolescence est une passerelle entre l’enfance et l’âge adulte, Allan Brunon passera nombre de ses week-end et ses vacances scolaires en usine, ou son père l’a fait entrer, dédié à la maintenance de machines, en prise directe avec ce monde qui est le sien, celui du bruit, de la production et des cadences. En dehors de l’usine et du sport, il poursuit ses études. Le Bac, bien-sûr, puis une licence d’histoire. L’histoire comme une passion mais aussi la nécessité de comprendre comment les peuples se constituent le pousse à s’intéresser plus particulièrement aux civilisations grecques et romaines. Il trouve ici l’illustration de la naissance des démocraties mais aussi ce rapport à la mer, à la méditerranée, aux déplacements des populations. Les peuples ont toujours migré. Le mouvement fait partie intégrante de l’humanité, depuis la préhistoire. En fonction des géographies, du climat, des préoccupations géologiques, souvent en lien direct avec la présence de l’eau. Ses lectures sont peuplées de philosophes et d’historien depuis l’enfance, ce qui ne manque pas d’intriguer ses parents, surement admiratifs. En parallèle de sa licence d’histoire, Allan Brunon prépare Science-Po, à Lyon. Il faut apprendre, acquérir ce savoir qui est la meilleure des armes quand il s’agit de se défendre, comme de protéger les autres. 

DANS LA PLACE

Dès ses 18 ans, il sera de tous les combats électoraux comme lors des élections municipales de 2020, où il figure en fin de liste, face à la liste sortante de Patrick Nicole-Williams. En 2021, lors des élections départementales sur le canton 10 de l’Isère, il formera un binôme avec Anne Verjus, spécialiste de la révolution des femmes. Ils porteront ensemble un programme dédié principalement à la lutte contre toutes les formes de précarités.  En 2022, ça sera les législatives, sur ce même territoire, l’opposant à Marjolaine Meynier-Millefert pour les élections sénatoriales de 2023. Tous ces combats comme autant de matchs. De ceux qui forment un corpus idéologique, de ceux qui permettent de proposer une voie différente auprès des électeurs. 

RENCONTRE DU DEUXIEME TYPE

En 2022, les choses s’accélèrent. Après avoir été attaché de groupe à la Région AURA, Allan BRUNON devient l’attaché parlementaire de Gabriel AMARD, député (LFI) du Rhône. Il y découvre l’échelon national et selon ses mots

A.B.« L’échelle nationale est l’illustration de la mise en mouvements de ce qu’il est possible de faire. La sensation précise de se sentir au cœur du réacteur ». 

En effet, durant ses deux années au côté du député (2022-2024), il met à profit sa nouvelle fonction pour faire avancer les choses, et notamment pour rencontrer les acteurs majeurs, notamment associatifs comme SOS Méditerranée, association européenne qui lutte pour la protection des migrants lors de leurs déplacements par voie maritime afin d’éviter les tragédies comme celle qui survint dans la Manche, en novembre 2021, naufrage lors duquel des dizaines de réfugiés ont péri en mer. A cette époque, on comme à parler de Lampedusa et des blocages des bateaux dans les ports italiens. De ces échanges naitra une proposition de loi sur la protection des migrants.  En marge de ses fonctions auprès du député Gabriel Amard, Allan Brunon poursuit son action au sein de LFI.

A.B.« En parallèle, je pousse au niveau national pour la création d’une cellule antiraciste au sein de la France Insoumise. Un axe à développer auprès de la jeunesse insoumise. Maintenir en éveil le plus possible les questions liées à l’antiracisme et à l’antifascisme ; il fallait que les insoumis progressent davantage sur ces questions-là. Initiatives très bien accueillies par Manuel Bompart et les cadres des insoumis.En 2025, nous avons mis en place un pôle national de lutte contre l’extrême droite que je coanime avec Ines Djelida, camarade ancrée dans le quartier populaire du Mirail, à Toulouse ». 

En 2024, Allan BRUNO se libère de sa fonction d’attaché parlementaire afin de se consacrer à un nouveau match, celui-là de passer le concours d’avocat.  Devenir pénaliste, une nouvelle corde pour un arc déjà bien doté pour cet homme à peine âgé de 26 ans. Devenir pénaliste pour défendre tous ceux qui souffrent et plus particulièrement pour protéger les réfugiés, les victimes de ceux qui sont en situations d’exil, ceux qui sont les victimes de xénophobie ou de violences judiciaires.  La justice, il a eu à s’y confronter, notamment lors d’actions en justice menées ou subies contre Gérard Dezempte, maire de Charvieu-Chavagneux ou Tiffany Joncour, députée (RN) du Rhône. 

2025 : L’ODYSÉE DE GRENOBLE

Le parcours politique d’Allan Brunon franchit d’une nouvelle étape, et non des moindres. Désigné co-chef de file LFI avec Élisa Martin, députée LFI de la troisième circonscription de l’Isère, il n’entend pas être à Grenoble pour faire de la figuration. S’appuyant sur une enquête populaire sur les besoins et les revendications des Grenoblois, la possibilité d’une liste autonome LFI est une option solide et très positivement envisagée par les instances nationales du parti, Manuel Bompard en tête. Et il apparait probable qu’elle puisse être conduite par Allan BRUNON lui-même. 

LE MASQUE DE L’IRE

Sa colère n’est pas feinte. Elle est la ressource principale de l’énergie de ses combats quand ceux-ci sont liés à l’humanisme, à la solidarité, à la dignité humaine et quand il faut en découdre avec toutes les formes de racisme. Sur la forme, Allan Brunon a déjà démontré sa volonté de radicalité dans le propos. Personne n’est épargné, poussant Laurence Ruffin ou Amandine Germain dans leurs retranchements. Et si les chefs de file EELV reconnaissent volontiers une porosité historique entre EELV et LFI, Allan semble répondre que toute union ou alliance se fera aux conditions des Insoumis. Quand les autres formations tentent la douceur du propos, la stratégie de la main tendue, la consultation diplomatique, Allan Brunon n’en a cure et place crochet et uppercut à quiconque tente de monter sur le ring ou essaie de s’y maintenir, lui qui indique que concernant l’amour, il préfère les preuves aux mots. Stratégie qui d’ailleurs est validée par Élisa Martin, indiquant que le temps des radicalités douces était désormais révolu. 

GRAND STRATEGUERRE

Cette radicalité assumée fait sans aucun doute partie du plan. Un plan ambitieux et visible, quand le calendrier politique sépare les élections municipales de seulement une année d’avec la présidentielle et les législatives qui suivront en 2027. LFI doit considérer que la prise du pouvoir, quels qu’en soient les échelons, n’est plus affaire de patience. À Grenoble comme ailleurs, à Grenoble plus qu’ailleurs puisqu’ils ont présidé au destin de la ville pendant deux mandats, LFI se sent prêt à renverser la table et prendre les manettes d’une ville qui représente bien plus qu’un symbole.  Selon Allan Brunon, « les Verts n’ont pas su donner une suite à Eric Piolle, ce qui est un échec local et national ». Et d’ajouter, concernant l’actuel maire de Grenoble : « Il est légitime d’en vouloir à quelqu’un dont on attendait tout ».

MAIS…

Il serait pourtant malencontreux de réduire Allan Brunon à la radicalité tapageuse qu’il propose parfois et à ses colères sourdes, induites par la force de ses combats. Car tapis dans une ombre légère, il aspire lui aussi à un monde meilleur, ou les habitants de Grenoble, tous et toutes, comme ses parents issus du monde ouvrier, comme sa sœur photographe, peuvent prétendre à une harmonie de vie dont chaque homme ou femme en responsabilité politique ont le devoir de se porter garant. 

« J’assume une stratégie de la conflictualité assumée. Elle va de pair avec mon engagement politique. Il faut bousculer, chahuter ».

Allan Brunon

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