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Alain Carignon: LE BOSS

Alain Carignon, farouche opposant à la majorité sortante, évoque les axes principaux de son programme, teinté de rigueur budgétaire, de sécurité et de finalement, de son rapport viscéral avec Grenoble.

Par Sébastien Mittelberger

Comment allez-vous ?

A.C. « Je vais très bien. Je suis totalement immergé auprès des Grenoblois. Je partage avec eux tout ce qu’il m’est possible de partager. Ce qui me permets de respirer la ville, les préoccupations des Grenoblois et des Grenobloises. Je m’imprègne de ceux qu’ils sont, de ce qu’ils souhaitent, de la réalité de la ville, ce qui correspond à mon tempérament, à cet engagement qui a toujours été le mien mais également à ce que je pense être le rôle d’un maire. A l’heure où nous parlons, je pense être le seul candidat qui peut parler à tous les Grenoblois, quels qu’ils soient, dans leur globalité, avec leurs particularités, leurs différences, quelles que soient leurs catégories professionnelles ou leurs sociologies résidentielles, leurs origines ».

Votre lancement de campagne a été un grand succès. Quel regard portez-vous sur l’engouement qu’il a suscité ?

A.C. « Nous avons conçu ce lancement avec l’objectif que les Grenoblois y participent. Ils sont venus nombreux (environ 1000 personnes). Plus loin, nous avons mis en œuvre cette Factory du changement pour qu’il soit un endroit d’échanges et je suis heureux et fier de voir que ce lieu fonctionne. Tous les jours des Grenoblois viennent s’informer, sur les transports, sur les déplacements, sur tout ce qui peut préoccuper les habitants. Chaque jour, ce sont des dizaines de Grenoblois et de Grenobloises qui passent le seuil de la Factory du changement pour prendre connaissance de notre projet, de notre programme. Un projet que nous construisons depuis près de deux ans et que nous sommes heureux de pouvoir confronter auprès des habitants et des réalités de la ville. Cette Factory est bien plus qu’un siège de campagne, mais un lieu d’échanges et de construction ». 

Vos récentes prises de paroles étaient majoritairement axées sur les finances de la ville.

A.C. « Oui, car la clé est là. Toutes les autres questions, qu’elles portent sur la solidarité, la sécurité, la transition s’articulent autour de la question des finances publiques de la ville. Or la trajectoire financière de la ville, c’est encore une prévision d’augmentation des impôts pour l’année prochaine, à la fois à l’échelon municipal mais également métropolitain. Le manque de synergie entre la ville et la Métropole conduisent à des dépenses aberrantes. On l’a encore constaté lors du dernier conseil municipal avec des faits ridicules et extrêmement couteux. 

Notre niveau de dépenses de fonctionnement et la dette Grenobloise est supérieur à ceux des grandes villes et la taxe foncière imposée aux habitants est parmi les plus élevées de France. Il est impératif de stopper cette fuite en avant et là encore, nous sommes les seuls à avoir travaillé sérieusement sur ce sujet. Nombres de candidats annoncent encore plus de dépenses, de gratuités, à des fins clientélistes, ce qui est totalement irresponsable. Nous préparons en cela une véritable alternance et si les Grenoblois nous font confiance, nous devons être en mesure de tenir nos engagements. Il faut bien observer que tous les candidats semblent d’accord pour augmenter une nouvelle fois les impôts. Stopper cette hausse va demander un travail considérable, nous en sommes totalement conscients. La principale cause de cette dérive réside dans les frais de fonctionnement de la ville, à hauteur de 800 millions d’euros. La fusion ville-Métropole doit impérativement être en mesure de réaliser au moins 10% d’économie, soit 80 millions d’euros par an.

J’ai la certitude absolue que si les Grenoblois choisissent encore, en 2026, les grands principes universels et l’évanescence de la liste portée par Laurence Ruffin plutôt que le pragmatisme de la confrontation au réel que nous proposons, leur réveil sera très douloureux ».

La sécurité doit-elle être observée seulement par le prisme de l’échelon municipal ?

A.C. « Grenoble est hélas la première ville de France à comptabiliser le plus d’agressions ramenées à 1000 habitants. Si la délinquance et le narcotrafic sont partout en France, il n’y aucune raison de se satisfaire de cette situation, à Grenoble. Il est indispensable de recréer une police municipale efficace et c’est pour y parvenir que nous proposons d’installer 150 policiers municipaux sur trois ans, soit 50 par an, pour un meilleur déploiement sur le périmètre Grenoblois. Nous avons une responsabilité vis-à-vis des jeunes générations et de leur rapport au monde. Imaginons la vie de ces enfants, de ces adolescents, pour une moitié de la vielle et pas seulement ce que nous appelons les quartiers et qui vivent au rythme des descentes de police, des mortiers, qui se rendent à l’école au milieu des dealers, des poubelles qui débordent. Quel imaginaire sommes-nous entrain de leur laisser ? C’est pourtant une chose capitale pour ce qui constituera la mémoire, le récit, de ce dont ils se souviendront, une fois qu’ils seront devenus des adultes. La ville est responsable. Elle ne peut pas laisser cette jeunesse vivre cela. Cette insécurité participe à cette métropole à plusieurs vitesses. Il faut rompre avec cette municipalité de classes. Cette inégalité sociale est insupportable et n’a jamais été aussi forte, aussi marquée. L’insécurité est aussi sociale et il n’est pas uniquement question du narcotrafic mais d’une insécurité plus globale ». 

Où en êtes-vous de votre campagne ?

A.C. « L’équipe est très diversifiée et de grande qualité. Beaucoup de femmes et d’hommes nouveaux nous ont rejoint. Des personnalités qui jusque-là n’avaient pas eu de trajectoires politiques. Un collectif animé avec beaucoup de compétence, de talent et d’engagement par Clément Chappet. Dans ce collectif, on remarque également notre groupe, La Gauche qui Agit, qui s’étoffe progressivement, car il est important que les Grenoblois sachent que nous représentons la véritable diversité de la ville ». 

Selon vous, cette campagne sera d’une tonalité différente en comparaison de celle de 2020 ?

A.C. « Cette campagne électorale est incontestablement plus ouverte que celle de 2020 du fait de plusieurs facteurs. 12 ans de mandats ont éreinté la majorité sortante. Nous pouvons également observer une division de la gauche, réelle et qui n’existait pas sur la séquence précédente et enfin, la réalité de la ville qui apparait au Grenoblois au travers d’un ressenti sur ce qu’il faudrait faire, améliorer. Nous sommes tous favorables à la sobriété, les consciences collectives adhèrent aux bons comportements et font unanimement le constat que nous sommes tous engagés dans une transition majeure pour préparer l’avenir. Mais dans le même temps, tout le monde souhaite que la ville créée de la valeur et en creux de la valeur partagée. Qu’on cesse notamment de s’opposer les uns aux autres. Si nous sommes tous multiples, chacun doit avoir à cœur, être capable, en responsabilité de s’adapter aux nécessités du temps. Pour prendre la seule question des déplacements, chacun peut être, dans la même journée, piéton, cycliste, usager des transports en communs et utilisateur de son automobile. Pour ce sujet comme pour d’autres, les objectifs doivent s’inscrire dans un cadre collectif. Mais ces objectifs ne peuvent pas être soumis à un climat d’affrontement permanent et d’impositions de doctrines. Nous pouvons et devons devenir une ville modèle en termes de logements, d’innovations, de solidarités et c’est vers cela que nous tendons au travers de notre engagement et de notre programme.

Pour exemple, l’ambition mise en œuvre des pistes cyclables a été une très bonne chose pour l’agglomération grenobloise mais là encore, la cohabitation avec les autres usagers de l’espace public a été très mal organisée. J’ai toujours différencié l’intuition d’Éric Piolle et la réalité des mises en pratique de ces intentions. Nous avons tous partagé son idée de ville apaisée même si 12 ans plus tard, cela est devenu un sujet de moquerie. Et au-delà du vœux pieu, notre programme consiste à y parvenir en disant comment et surtout en se confrontant à la réalité des Grenoblois et des Grenobloises ».

Et en toutes hypothèses, j’aurais le sentiment d’avoir réalisé la totalité de mon devoir, jusqu’au bout de mes forces, pour cette ville que j’ai aimé toute ma vie.

Alain Carignon

Après toutes ces années passées au service de l’intérêt général, quelles sont les émotions que le combat politique vous procure ?

A.C. « Tout cela n’est pas très rationnel. On peut même aller jusqu’à dire que c’est irrationnel. Je vis cette ville qui elle-même vit en moi. Comme je me déplace essentiellement à pied, je peux voir tout ce qui pourrait être amélioré. Le fonctionnement de la ville est en moi. C’est une sensation très profonde. Tout ce qui touche à Grenoble me concerne, personnellement. Même lors de déplacements, je m’inspire toujours de ce qui peut se faire ailleurs de positif avec l’idée de pouvoir en faire profiter les Grenoblois. 

Je suis passionné par les autres. Ce que dit mon prochain n’a jamais cessé de m’intéresser. Chaque propos entendu vient s’ajouter à une somme d’informations que j’ai déjà rassemblé pour créer finalement une idée ou une action, encore une fois au bénéfice de mes concitoyens. C’est de cette façon que j’aime exercer des responsabilités. Au plus près des habitants. Plus que d’être quelqu’un, j’ai envie de faire quelque chose, d’être utile. Il faut entendre que je suis dans une liberté et une sérénité absolue. Ce que je propose pour Grenoble, je sais que c’est ce qui répond et correspond aux besoins de la ville. J’accomplis mon devoir de partager avec les Grenoblois cette part de vérité qui est la mienne et j’aime leur dire l’importance que tout cela a pour eux. Et en toutes hypothèses, j’aurais le sentiment d’avoir réalisé la totalité de mon devoir, jusqu’au bout de mes forces, pour cette ville que j’ai aimé toute ma vie ».

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