Prêt pour le lancement de la 15° édition ?
C-J M « Oui. Absolument. Même s’il est plus exact de parler de la 14° édition puisque l’année dernière, la Descente des Alpages n’a pu avoir lieu par la faute de l’épidémie de fièvre catarrhale ovine. Cette année, c’est une épidémie de dermatose nodulaire bovine qui pénalise fortement les élevages bovins et qui nous empêche de dérouler notre fête traditionnelle sous sa forme habituelle, notamment de faire défiler et exposer ces races de vaches alpines ».
Y aura-t-il néanmoins une présence animale lors de cette édition ?
C-J M « Les animaux représentant en effet un élément essentiel de la Descente des Alpages et de son succès populaire, nous avons souhaité la présence d’autres animaux. J’ai donc le plaisir d’annoncer la présence des moutons de la ville de Grenoble, qui représenteront le service de la nature en ville. Des moutons qui jouent un rôle essentiel concernant l’éco pâturage. Ces moutons, que nous pourrons admirer square Léon Martin seront encadré par leur berger habituel, Killian Gaillard, qui, malgré ses 21 ans, nous accompagne depuis longtemps dans nos aventures alpines et qui est devenu agent municipal de la ville de Grenoble en charge des moutons mais également des espaces verts. Encore une belle illustration de la connexion entre la montagne et la ville. Nous aurons également la visite de chèvres de chartreuses et des chevaux de race Barraquand, race emblématique du Vercors. Une race qui représente la dimension laborieuse de l’élevage, destinée originellement aux travaux agricoles ».

Quelle sera la thématique principale de cette 15° édition ?
C-J M « Pour cette édition, nous avons décidé de consacrer une place majeure à la dimension végétale qui sera présente sur tous les stands et déclinée sur toutes les animations. Fromage et herbes, gastronomie et herbes, boissons végétales, mais également les plantes dans leurs dimensions thérapeutiques. Pour mieux illustrer encore cette volonté, notre invité d’honneur sera le pape de la gastronomie végétale, presqu’un druide, en la personne d’Édouard Loubet, chef célèbre et doublement étoilé lorsqu’il était à Lourmarin, dans le Luberon. Désormais installé dans ses Alpes natales, à Manigod, Édouard Loubet est un des pionniers de cette gastronomie inventive ou le végétal a une place prépondérante. Il est également associé avec Chartreuse Diffusion dans le cadre de la conception d’une gamme de boissons non-alcoolisées à base de plantes ».
Quel sera le programme de cette 15° édition de la Descente des alpages.
C-J M « La rue de Strasbourg sera occupée par les confréries. Celles de la noix, du Saint Marcelin, des animations fromagères et bien d’autres. La place de l’Étoile est traditionnellement destinée à des animations réservées aux enfants, avec la présence de deux pouliches suitées (avec leurs poulains) de Barraquand. La place de l’Étoile accueillera également un stand gastronomique important avec un concours ouvert aux fromagers du territoire Auvergne Rhône Alpes. Un concours qui portera sur la connaissance et la mise en avant des fromages de notre région. Bien-sûr, Bernard Mure-Ravaud jouera un rôle essentiel dans ce casting. La place Vaucanson hébergera quant à elle, plusieurs « villages ». Comme ceux des Hautes Alpes, Marques Isère, Vercors, Chartreuse ainsi qu’une présence forte des militaires avec le 27°BIM, puisque nous profiterons de ce week end festif pour renforcer nos liens avec les troupes de montagne ».
Quels seront les autres temps forts de cette journée ?
C-J M « Ces animations agricoles, gastronomiques, créatives et accessibles à toutes et tous, seront relayées par une émission produite par TG+ et en direct, qui permettra à toute celles et ceux qui ne peuvent pas participer à cette journée de pouvoir suivre, à la télévision et sur internet, l’ensemble des manifestations proposées par la Descente des Alpages. Je suis également très fier d’annoncer la tenue d’une conférence qui se tiendra à 10H30 au musée Dauphinois, dans la chapelle de Sainte-Marie d’en Haut, consacrée à l’histoire des plantes des alpages et donc les conférenciers seront Serge Krivobok et Manon Traversaz, ancien et nouvelle professeurs de botanique de la faculté de pharmacie. Toutes les personnes présentes pourront, à l’issue de cette conférence, déambuler sur les nouvelles terrasses aménagées du Musée Dauphinois ou dans le vieux cloitre et déguster un cocktail végétal et des mises en bouche préparées par les élèves de l’école hôtelière et Ludovic Nerdozza, chef étoilé du Vercors qui sublimera tous les magnifiques produits du Vercors en 5 déclinaisons.
Le vendredi soir se tiendra une veillée d’armes qui se déroulera sur le site emblématique de la Bastille, au restaurant le Père Gras ou tous les Grenoblois et les Grenobloises peuvent s’inscrire (auprès de la fromagerie des Alpages) pour une magnifique soirée gastronomique dont le menu sera dominé par une ambiance végétale, avec notamment un cocktail à base de plantes, un gigantesque plateau de fromages crée par Bernard Mure-Ravaux et Édouard Loubet ainsi qu’un dessert conçu par Patrick Casula, là encore avec une inspiration végétale. pour un tarif unique de 40€ ».
Comment vous est venue l’idée d’orienter la Descente des Alpages vers le végétal ?
C-J M « C’est une idée qui cheminait depuis un long moment. Elle correspond à l’air du temps et il est légitime que nous nous glissions dans cette évolution qui correspond à une véritable envie mais également à une mutation des comportements liés à l’alimentation, au culinaire. Dans le même registre, cette 15° édition sera l’occasion de favoriser les boissons non-alcoolisées sur différents lieux. Je suis certain que l’on peut conserver une ambiance chaleureuse et conviviale avec des sirops, du lait, des boissons à base de plantes, même si bien évidemment le vin sera présent sur l’ensemble de la manifestation ».
Comment se terminera cette 15° édition ?
C-J M « Nous souhaitons donner encore une fois une dimension gastronomique et, fort de cette volonté, il est assez logique de se retrouver chez le restaurateur étoilé de Grenoble, Stéphane Froidevaux, dans le prestigieux Fantin Latour. Stéphane Froidevaux qui a toujours été passionné par mise en avant de la cueillette des plantes et des herbes de montagne et qui intègre la dimension végétale à sa proposition gastronomique depuis bien longtemps. Pour cette soirée spéciale, le chef grenoblois concoctera un menu très spécial nommé « De la cueillette à l’assiette » avec sept plats mais donc le contenu est encore un secret très bien gardé. Pour accéder à ce merveilleux moment, les réservations se prennent auprès du restaurant le Fantin Latour. Je précise que le tarif correspond à celui d’un restaurant étoilé ».
Cette nouvelle édition n’oublie pas d’être solidaire
C-J M « Nous tenions en effet à ce que cette édition véhicule un élément de solidarité. Pour y parvenir, nous proposerons à toutes et tous d’acheter un jeton pour un euro et de parvenir à réunir 5000 jetons à un euro qui une fois déposés dans une urne, permettront de manifester un soutien aux éleveurs, durement touchés par cette épidémie qui frappent leur secteur d’activité. Ce moment sera mis à la disposition de l’association des Fromages de Savoie qui aura la charge de les redistribuer ».
La Descente des alpages, c’est aussi une aventure collective?
C-J M « Bien-sûr et à bien des égards. Tout ce que nous mettons en œuvre depuis toutes ces années ne serait évidemment pas possible sans le soutien, la participation financière et indéfectible de la Région, du Département de l’Isère, de Grenoble Alpes Métropole et de la ville de Grenoble, la communauté de communes du Grésivaudan. Pour l’accompagnement lié aux acteurs privés, nous pouvons compter sur l’engagement passionné de Christian Laval et de son association les Ambassadeurs des Alpes, qui sont extrêmement moteurs pour la recherche de financements privés, notamment auprès du tissu économique du bassin Grenoblois. Sans oublier l’engagement des commerçants du centre-villes, toujours d’une grande fidélité. Mais au-delà du volet financier, c’est aussi tout un réseau de bénévoles impliqués qui donnent de leur temps, de leurs compétences, de leurs savoir-faire avec une passion sincère et qui ne se dément jamais au fil des années »
La Descente des alpages, c’est aussi un binôme avec Bernard Mure-Ravaud.
C-J M « Bernard, c’est un peu mon demi-frère. Et après ces 15 années de collaboration, j’aime à dire que tout ce qui nous rassemble est bien plus fort que ce qui nous différencie. Nos différences sont autant de richesses que nous mettons au service de la Descente des Alpages. Je tiens à ajouter que cette année blanche, que nous avons vécu en 2024, ou notre manifestation annuelle n’a pu avoir lieu, a finalement été bénéfique. Elle nous a obligé à nous remettre en question et ce, pour deux raisons. La première est d’avoir pu, grâce à cette interruption bien involontaire, remettre l’église au centre du village. A tout dire, notre objectif n’était pas de croitre et de faire de cet événement une fête commerciale mais de se concentrer sur nos missions originelles qui étaient de faire la promotion des valeurs alpines à Grenoble.
La seconde consiste d’avoir su se servir de ce temps de réflexion pour apporter d’autres choses que la réalisation de cet événement, qui reste le point d’orgue de notre association. Notamment d’aller dans deux directions qui me tiennent particulièrement à cœur que sont la préservation du patrimoine avec la réalisation d’un film sur des charpentiers de chartreuse, la famille Chardon, à la fois traditionnelle tout autant qu’à la pointe des technologies d’aujourd’hui au point que la diffusion de ce film a permis à cette famille exceptionnelle d’être sélectionnée par la Fondation du Patrimoine de Stéphane Bern pour être bénéficiaire en Isère, du dernier loto du patrimoine.
Dernier point de satisfaction, nous avons pu œuvrer pour favoriser la rénovation de l’ESAT le Habert, à Entremont le Vieux, en chartreuse. Par la possibilité de la mise en relation et surtout par l’implication de Sandrine Chaix, nous sommes parvenus à obtenir une subvention significative de 200 000€ de la part de la Région Aura, subvention qui a entrainé d’autres subventions qui ont permis à Espoir 73 de rénover cet ESAT magnifique qui est composé d’une ferme, d’une fromagerie, d’un espace de ventes, d’une auberge et une activité de travaux paysagers. Nous avons d’ailleurs eu la satisfaction que les membres de cet ESAT viennent présenter leurs vaches Tarines à Grenoble en 2023 et ils participeront cette année à la Descente des alpages pour y présenter leur production de fromage ».
Quelles sont les émotions personnelles que la Descente des alpages vous procure encore, après toutes ces années ?
C-J M « A vous réponde, mes émotions sont intactes. Car elles sont teintées à la fois de plaisir mais également d’une exigence de chaque instant. La Descente des alpages demande une remise en question permanente, mais aussi de ne jamais se contenter de ce qui a pu être réalisé. Il n’y a selon moi jamais de zone de confort dans la mise en œuvre de tout ça. Nous avons le souci permanent d’être toujours au service des territoire, des éleveurs, des producteurs, de toutes ces filières qui font la richesse de notre région.
De façon plus personnelle, j’éprouve toujours autant de bonheur à me rendre en Chartreuse, dans le Vercors, en Maurienne, en Tarantaise ou encore dans la vallée d’Abondance. C’est un plaisir à chaque fois renouvelé et une admiration profonde pour ce que la nature nous offre et ce malgré les difficultés. C’est aussi de contribuer à remettre cette identité alpine au cœur de la ville, au cœur de Grenoble et de rassembler des gens, différents mais avec quelque chose en commun, des enfants jusqu’aux éleveurs, autour de valeurs simples qui sont celles de nos territoires et de l’harmonie entre la campagne, la montagne et la ville.
Mon moteur se trouve au cœur de ces valeurs, en plus des satisfactions que me procurent ma vie de famille et mon métier.
Au reste, il y a, au travers de ce que nous réalisons, la volonté de rendre hommage à mes grands-parents, qui étaient agriculteurs, à toute leur vie de labeur, qui s’est toujours illustrée dans le bonheur et la bienveillance et finalement d’une satisfaction de ce qu’ils possédaient sans jamais désirer ce qu’ils n’avaient pas ».
Mon moteur se trouve au cœur de ces valeurs, en plus des satisfactions que me procurent ma vie de famille et mon métier.
Christel-Jacques Moiroud
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