Comment allez-vous, madame la députée ?
« Très bien !
Très heureuse de ces premiers mois de mandat. De retrouver les bancs de l’Assemblée nationale et les communes de la circonscription.
Lors de mon premier mandat, j’avais essayé d’être utile et donc renouer avec cette capacité à agir à l’Assemblée comme en circonscription, retrouver des acteurs du territoire avec cette nouvelle mission de députée qui m’a été confiée.
Je me sens très engagée également. C’est un mandat exigeant bien-sûr mais je suis heureuse et fière de pouvoir œuvrer chaque jour à ce que nous vivions mieux tous ensemble.
Avec la possibilité formidable de pouvoir agir, à Paris comme ici, sur ma circonscription, afin que chacun trouve sa place.
Être élue est selon moi la plus belle des missions. Mais il ne faut jamais perdre de vue que cela oblige. Une campagne c’est prendre des engagements, être élue, c’est les respecter. C’est aussi continuer d’être beaucoup sur le terrain car une fois élue, il ne faut pas que les habitants aient le sentiment qu’on déserte le territoire au détriment de Paris. Il est impératif de pérenniser ce lien ».
Avec la « Camillonette », vous reprenez la route ?
« Pendant dix jours, nous allons, mon équipe et moi, sillonner la circonscription, sur les dix communes, avec des rendez-vous à la fois le matin, l’après-midi, le soir afin que chacun puisse venir jusqu’à moi à des horaires de sa convenance.
C’est un rendez vous trimestriel, qui permet à tous ceux qui ne peuvent pas venir sur ma permanence de sentir qu’il est pour moi possible de venir jusqu’à eux.
Ces rendez-vous où tous les sujets peuvent être abordés, où je peux être remerciée pour une action comme je peux être chahutée pour une autre sont autant de moments, souvent forts, ou un lien se tisse et ou la démocratie montre qu’elle est en bonne santé.
Je suis convaincue qu’Il est capital d’être au contact, à l’écoute.
Inversement, l’élue que je suis peut expliciter auprès des habitants ce qui se passe à l’Assemblée, et justifier, évoquer avec les citoyens et les citoyennes les votes auxquels j’ai pris part ».
Lors de ces rencontres, y a-t-il des sujets récurrents ?
« Souvent des sujets pouvant apparaitre comme personnels sont des sujets qui ont une portée plus générale.
La thématique de la fin de vie, qui a beaucoup occupée les parlementaires mais aussi le débat public, avec des opinions très différentes sur le sujet et ou j’ai pu échanger avec celles et ceux qui viennent à ma rencontre sur ce qui forge ma conviction en la matière et pourquoi j’ai voté ce texte.
Sans chercher à convaincre, il est important de montrer que ce vote est fait en pleine conscience avec des arguments, de la conviction et de l’engagement ».
Pourquoi avoir choisi de siéger à la commission des affaires sociales ?
« J’ai choisi cette commission des affaires sociales pour la force des thématiques qui y sont traitées.
Pendant la campagne, nous avons sentis que la thématique de l’accès aux soins revenait souvent, ce qui répond pleinement à l’engagement qui est le mien. Comment prend-on soin de tout le monde, dans une société qui doit mettre en avant la fraternité.
Je note que du triptyque des valeurs républicaines, la fraternité est souvent la moins mise en lumière alors que ce mot, cette valeur, illustre le mieux cette notion toute aussi républicaine du Vivre ensemble.
Pour exemple, cette commission a eu à plancher sur la non-discrimination des familles qui ont des enfants par PMA où par adoption et qui n’étaient pas forcément prises en compte par le droit du travail lors de leurs absences pour des rendez-vous médicaux, ce qui étaient discriminant par rapport à des familles qui avaient grossesses traditionnelles. Aujourd’hui ces familles pourront bénéficier des mêmes droits.
Pour le don du sang, si les chiffres liés au don du sang sont corrects, il y a une problématique autour du don de plasma et nous avons voulu, avec ce texte, trans partisan, faire en sorte que les salariés puissent donner leur sang sur leur temps de travail.
Je travaille encore sur une proposition de loi concernant les horaires des personnels d’entretien, des femmes de ménages qui travaillent très tôt le matin où très tard le soir. Ces horaires sont très mal reconnus par le droit qui ne reconnait que le travail de nuit où le travail de nuit.
Nous travaillons afin de faire en sorte que ces personnes qui travaillent sur des tranches horaires atypiques puissent être mieux rémunérées et bénéficier de repos compensatoires.
Plus encore, nous œuvrons au projet que ces personnels d’entretien puissent travailler en journée, en même temps que les autres collaborateurs des entreprises mais aussi des collectivités.
En commission des affaires sociales, nous traitons également des retraites, des comptes de la sécurité sociale et de toutes les thématiques liées aux accès au soin.
Pour avoir une appréciation au plus juste de mon action dans cette commission, je suis en lien permanent avec le CHU, ici sur notre territoire, notamment avec le service des soins palliatifs, mais aussi avec tout ce qui concerne la fin de vie. Des sujets de fond qui impactent chacun et chacune d’entre-nous.
Même si c’est plus éloigné de ma commission, nous avons eu à voter un texte important sur le narco trafic. Et je suis satisfaite d’avoir pu y prendre ma part car c’est un texte qui va permettre d’avoir des moyens plus solides pour combattre ceux qui sont à la tête de ces réseaux. Il s’agira de la mise en place notamment d’un parquet et de maisons d’arrêt consacrées au narco trafic ».
Avoir un ministre de la Santé qui est médecin et isérois facilite les choses ?
« Oui, je connais bien Yannick Neuder et le fait d’avoir un ministre qui soit une nouvelle fois un médecin permet de bien avancer sur ces sujets. Ensemble, nous avons travaillé sur le cannabis thérapeutique qui permet à des patients qui n’ont pas de solutions pour apaiser leurs douleurs de bénéficier de ce traitement qui est à ce jour expérimental et qui en voie de généralisation ».
Comment répartissez-vous votre emploi du temps entre Paris et votre circonscription ?
« Souvent, le lundi est consacré à des rendez-vous, sur le terrain, fixés avec des personnalités institutionnelles, soit avec des acteurs économiques, des associations où encore des rendez-vous à la permanence qui permettent de se nourrir des problématiques du territoire.
Le mardi, c’est un départ très tôt pour Paris pour effectuer les réunions de groupes à l’Assemblée nationale. Le mardi après-midi est réservé aux questions au gouvernement. Le mardi soir, le mercredi et le jeudi sont consacrés aux travaux de commissions et aux séances ou les députés siègent de 09h à minuit. Puis retour en circonscription le jeudi soir tard ou le vendredi très tôt pour avoir une journée complète au plus proche des habitants.
Le week-end, beaucoup de présence sur les nombreux événements du territoire.
Mais cet agenda peut être bousculé quand l’actualité le nécessite. Je pense bien-sûr à Vencorex dont l’urgence a mobilisé énormément de présence ici.
Pour faciliter ce lien, lors de mon premier mandat, j’avais mis en place une ligne téléphonique, « Allo, madame la députée » qui offre une nouvelle façon de me contacter en laissant un message. Chaque vendredi, de 17 à 19H, je m’engage à rappeler ces personnes afin de répondre à leurs questions.
Inversement, quand le dossier de l’aide à mourir était au cœur des préoccupations de l’Assemblée nationale, je suis resté à Paris afin de veiller à ce que ce texte ne soit pas dénaturé. Donc au-delà d’un planning établit, c’est l’urgence qui dicte l’agenda en préservant un équilibre qui me permet de siéger et voter en remplissant pleinement ma fonction de députée ».
Vous êtes une députée Renaissance, liée à la majorité présidentielle. C’est sous cette bannière que vous vous êtes engagée en politique. Êtes-vous toujours en osmose avec cette famille politique ?
« Je suis entrée en politique, alors que mon engagement était de gauche, sous la bannière En Marche. Par ce que j’ai cru et que je crois encore vraiment à cette capacité à rassembler des personnes de gauche et de droite qui ont ces mêmes valeurs que sont celles du progressisme, du pragmatisme mais également des principes européens. Toutes ces lignes font que ce groupe tient à l’Assemblée, même avec les divergences et les particularités de ses courants de pensées. C’est toujours la force de ce groupe que de savoir dépasser les clivages au bénéfice de l’intérêt général.
Ces valeurs sont d’ailleurs celles dont j’avais marqué ma campagne. Celle du respect du débat d’idées et de la nuance permanente ».
Vous aimez la politique ?
« J’aime la politique pour ce qu’elle peut et ce quelle doit apporter aux citoyens. Ma volonté est de me consacrer à ce mandat avec toute mon énergie jusqu’à son terme. Ici, je veux répondre aux engagements qui sont les miens et être à la hauteur de la mission qui m’a été confiée par les électeurs de la première circonscription de l’Isère.
Je travaille également à l’image que les politiques renvoient auprès des citoyens. Oui on peut être engagé politiquement, croire en ses idées et tout mettre en œuvre pour les mettre en application.
Entre mes deux mandats, je suis retourné volontairement dans la société civile pour prouver qu’il était possible de faire autre chose et de prendre des respirations vis-à-vis de la sphère politique ».
Quelles sont les émotions que la politique vous procure ?
« De l’émotion bien-sûr. Mais surtout la sensation d’être dans un investissement total.
L’engagement politique est une chose infiniment sérieuse. On peut même parler de sacerdoce. Dans cette quête permanente d’être à la hauteur, même si elle est d’une extrême exigence, il faut aussi parler de l’immense plaisir que j’ai à servir l’intérêt général, ce qui conduit forcément à une grande fierté, celle de servir mon pays ».
Une campagne, c’est prendre des engagements, être élue, c’est les respecter.
Camille Galliard-Minier
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